Quels sont les coûts liés à la gestion des déchets ménagers?

Les coûts liés à la gestion des déchets ménagers comportent 4 postes principaux de dépenses :

  • Les frais de fonctionnement des recyparcs incluant le financement des infrastructures, les frais de personnel ainsi que les frais de transports et de traitements des déchets collectés par ce biais.
  • L’organisation des collectes en porte-à-porte incluant bien sûr le charroi et les frais de personnel mais aussi la taxe kilométrique et les frais liés aux infrastructures d’exploitation.
  • En dehors des déchets collectés dans les recyparcs, les principaux modes de traitement des déchets sont la biométhanisation des déchets organiques et la valorisation énergétique des déchets résiduels. Là encore, ces traitements impliquent des coûts liés au fonctionnement des installations.
  • Enfin, les actions de prévention des déchets ainsi que les frais de fonctionnement des Intercommunales constituent le dernier poste principal de dépenses.

En moyenne, à l’échelle régionale, ces 4 postes se répartissent comme suit, avec des variabilités par sous-régions liées aux spécificités des territoires (urbain, rural, forte fréquentation touristique…):

Bien sûr, à côté de ces dépenses, il existe aussi des recettes issues de la revente de certaines matières, de subsides ou encore de vente de sacs de collecte et d’électricité (produite par les unités de valorisation énergétique ou les unités de biométhanisation).

Mais au final, les dépenses restent nettement supérieures aux recettes et la gestion des déchets ménagers représente donc un coût. En Wallonie, il est obligatoire de le répercuter aux bénéficiaires, à savoir les citoyens, à travers la taxe déchet. C’est le mécanisme du « coût-vérité ».

Etienne OFFERGELD, Président de la COPIDEC, nous apporte son éclairage sur cette notion de coût lié à la gestion des déchets. Voici son interview.

Sources de financement et principe du coût vérité

Le financement de la gestion des déchets ménagers provient de 3 sources principales:

Les 75 à 80% à charge des citoyens sont perçus via la taxe communale, calculée de façon à viser la couverture juste et complète des frais réclamés aux communes, c’est le principe du « coût-vérité ». Cette taxe se divise en deux parts:

  • Une part forfaitaire (+/- 70%): c’est la taxe que vous payez à la commune une ou deux fois par an. Elle couvre les frais fixe et le service minimum afin de garantir un accès équitable à tous aux services de gestion des déchets;
  • Une part incitative (+/- 30%): qui dépend des quantités de déchets que vous jetez et qui se matérialise à travers l’achat de sacs payants ou, là où la collecte se fait via conteneurs à puce, le paiement des levées et kilos complémentaires au service minimum. Cette part vise donc à intégrer le principe du « pollueur-payeur »: moins vous jeter, plus vous triez, moins cette part est élevée.

Ce système permet donc la couverture de 75 à 80% des coûts totaux liés à la gestion des déchets. Le reste provenant essentiellement de subsides régionaux (<10%) ou de l’intervention d’organismes tels que FostPlus, Recupel, etc.(15 à 20%) à travers le système de Responsabilité Elargie des Producteurs (REP).

Pour en savoir plus sur la Responsabilité Elargie des producteurs, voici un article qui y est consacré.

Les impacts du Covid 19

Avec cette crise du Covid-19, le prix de nombreux produits de la vie courante ont augmenté. Sans oublier l’interdiction des promotions sur ordre du Conseil national de sécurité.

La forte demande en masques, gants ou gel hydro alcoolique a eu pour conséquence une augmentation de leurs prix, sous l’effet, notamment, de la loi de l’offre et de la demande.

Mais aviez-vous remarqué que le prix des poubelles, lui, n’a pas explosé pour cause de crise? C’est précisément le mode de fonctionnement du Service public et sa plus grande résilience qui a permis d’éviter ce choc.

Les équipes de collecte et d’encadrement sont restées sur le terrain pour assurer les services en porte-à-porte tout au long de la crise. Vous avez été nombreux à leur témoigner votre reconnaissance durant cette période. Des attentions qui font chaud au cœur car si les déchets ne sont pas un sujet très sexy, leur gestion rationnelle n’en est pas moins essentielle pour tous.

Priorité aux enjeux environnementaux

Même si l’on trie de plus en plus et de mieux en mieux, la « facture déchet » ne diminue pas. Cette situation peut être source de frustration ou d’incompréhension. Cependant, il faut garder à l’esprit que le but premier du recyclage n’est pas de gagner de l’argent, mais bien de préserver l’environnement.

Recycler plus implique plus de collectes sélectives, plus d’installations de tri et de traitement spécifiques… Le recyclage génère aussi des recettes liées à la revente des matériaux et s’inscrit pleinement dans le principe de l’économie circulaire. Il est donc important de bien trier car, même si les recettes ne couvrent pas tous les coûts, elles permettent de les réduire.

Le rôle des Intercommunales

Les Intercommunales de gestion des déchets travaillent chaque jour pour maîtriser les coûts liés à ses activités afin qu’ils restent supportables pour les citoyens, mais elles veillent aussi avec beaucoup d’attention à la qualité des services offerts et à la performance environnementale .

En moyenne, à l’échelle de la Wallonie, la gestion des déchets ménagers représente un peu plus d’1 € par semaine et par personne. Certes, cela reste un effort financier que chacun doit supporter mais, sachant que l’on dépense en moyenne 8 fois plus en services téléphoniques, utiles mais moins « vitaux », est-ce vraiment trop cher payé pour préserver notre environnement ? (Source : données enquête stabel 2018)

Pour en savoir plus sur le rôle joué par les intercommunales dans les services offerts aux citoyens, voici la réponse formulée par Etienne OFFERGELD, Président de la COPIDEC.

La Belgique, un bon élève européen ?

En 20 ans, la gestion des déchets en Belgique et en Wallonie à très fortement évolué, et dans le bon sens ! De près de 35 % de mise en décharge en 2000, nous sommes aujourd’hui à moins de 2 % avec un développement important des collectes sélectives, du recyclage et de la valorisation énergétique. La Belgique fait d’ailleurs partie des très bons élèves européens pour sa gestion des déchets.

Modes de gestion des déchets ménagers et assimilés en Wallonie (2017)

Graphique des modes de gestion des déchetss résiduels et assimilés collectés en Wallonie en 2017.

On peut toujours s’améliorer et nous y travaillons tous les jours. Cependant, nos marges de progression deviennent étroites sachant que les coûts liés à la collecte sélective et au recyclage de nouvelles fractions de déchets de faibles quantités risquent d’impliquer de coûts financiers prohibitifs par rapport au gain environnemental qui en découle.

Pour en savoir plus sur les performance de la gestion des déchets au niveau européen, consultez notre article “Les déchets à l’échelle européenne”.

Jeter moins, acheter mieux

C’est en amont de la poubelle que la marge de progression possible est la plus importante, en jetant moins et mieux. Cette responsabilité repose en grande partie sur les citoyens/consommateurs à travers ses pratiques d’achat et la gestion du tri à la maison. Mais ils ne sont pas les seuls acteurs concernés.

Les producteurs qui mettent des produits sur le marché ont largement leur part de responsabilité. Limiter les produits jetables, privilégier l’éco-conception au marketing, renforcer leurs responsabilités sur la fin de vie de leurs produits, développer les ventes en vrac, lutter contre l’obsolescence programmée… sont autant de possibilités à développer et à renforcer pour alléger nos poubelles et assurer la recyclabilité de ce qui s’y trouve.

Voici l’avis, en vidéo, du Président de la COPIDEC sur le rôle des consommateurs et des producteurs de déchets ménagers.

Bien trier ne suffit plus. Il faut aussi acheter mieux. Mais pour cela, il faut que de vraies alternatives soient proposées sur le marché. Consommateurs et producteurs sont donc impliqués dans cette démarche pour tendre vers le zéro déchet.

Cette évolution des modes de consommation est une bonne nouvelle, mais reste maintenant aux producteurs et distributeurs à effectuer leur propre examen de conscience. A ce titre, l’économie circulaire constitue un principe intéressant afin que leur recherche du meilleur bilan économique privé ne réduise à néant le bilan environnemental et humain de tous!